Auto-édition ou édition à compte d’éditeur ? Isabelle Audiger

Auto-édition ou édition à compte d’éditeur ? – Isabelle Audiger

  • 8 novembre 2023
  • Jean
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Auto-édition ou édition à compte d’éditeur ?

Isabelle Audiger

Dans cet article, l’auteure Isabelle Audiger partage sa remarquable expérience en tant qu’écrivaine confrontée aux défis de l’auto-édition et à la recherche d’éditeurs traditionnels. Avec une modestie évidente, elle se décrit comme une « auteure minuscule, » mais son parcours littéraire est tout sauf insignifiant. Ayant écrit deux romans jeunesse, un roman pour adultes, un recueil de nouvelles, et pas moins de quatre recueils de textes poétiques, elle témoigne de sa créativité.

Qui est Isabelle Audiger ?

Je suis une auteure minuscule. Deux romans jeunesse, un roman adulte, un recueil de nouvelles, quatre recueils de textes poétiques. Prolifique peut-être mais minuscule. Ces minus écrits je les gardais pour moi. Ami-e- auteur-ice tu comprendras sans doute si je te dis sans attendre « syndrome de l’imposteur ».

À la suite d’une master-class organisée par la bibliothèque de la ville où je réside, un des participants s’ouvre à nous de sa décision de se faire auto-éditer. Un voile se déchire dans ma cervelle d’écrivaillonne. Ainsi tout un chacun pourrait voir ses écrits imprimés un bonne et due forme ?

J’aime les défis et je suis curieuse de nature.

Eh bien si toi aussi, vas-y ! Lance -toi dans l’auto-édition. Il y des plateformes qui ne demandent qu’à rencontrer ton travail. Attention, ce ne sont pas des éditeurs. Tu devras, dans la composition, la relecture minutieuse, le choix de la couverture, la demande d’ISBN, le recensement à la BNF, te mettre en quête. Je te rassure tout de suite : si j’ai pu le faire, toi aussi !

Les plateformes d’auto-édition

Je travaille avec une plateforme qui ne requiert aucun frais, tu payes uniquement les livres que tu achètes, de plus, ils te proposent des gabarits de mise en page, tu peux utiliser tes propres photos (couleurs etc.) pour la couverture, ils sont rapides et soignés, jamais un problème.

Je ne fais pas de pub, alors si tu veux tout savoir, on se contacte ! Ils sont réglos, ne se font pas passer pour ce qu’ils ne sont pas et traitent aussi le paiement de ta part d’auteur-e, ce qui est quand même bien agréable.

Résumé : tu fais tout, ils impriment. Si tu veux plus (corrections, mise en page, diffusion etc.), ils ont des services payants, normal, non ?

  • Les plus : l’entière liberté de présentation et diffusion de ton travail (c’est addictif… voir plus loin).
  • Le moins : ben, il faut t’improviser éditeur, diffuseur, publiciste, c’est épuisant… Alors, il y a quelques mois, arrivant moi-même à une étape dans ma vie, je me suis lancé un nouveau défi : trouver de nouvelles aventures éditoriales pour mon travail.

Les éditeurs

Après d’intenses recherches, des envois (numériques uniquement – XXIe siècle, boomer!), j’ai me semble-t-il, la chance de trouver deux « éditeurs » –ah, toi aussi tu as remarqué les guillemets ? Il faudrait se mettre d’accord sur la définition du terme car ce métier évolue avec la technologie.

La première maison est sans ambiguïté, tout supplément est facturé, la photo (même la vôtre) sur la couverture ? En sus. Et tout l’ toutim…

  • Le plus : la mise en page pro qui reste une interrogation pour moi. Malgré ma (petite) expérience d’auto-éditée je doute encore, et certaines subtilités me demeurent inconnues. C’est donc un soulagement lorsque je reçois les épreuves. De plus, on peut échanger raisonnablement avec une éditrice qui vous suit. Je l’ai trouvée très efficace et compréhensive. Enfin, les demandes d’ISBN et pour la BNF sont de leur ressort.
  • Le moins : mon livre auto-édité a pu bénéficier d’une couverture plus attrayante et la diffusion et la promotion restent minimes (publication sur les librairies en ligne et leur site) : à toi de faire le boulot ! Enfin, si ton livre ne devient pas un best-seller, tu peux t’accrocher pour toucher ta pitance des droits d’auteur-e-, tu ne seras récompensé-e qu’à partir d’une certaine somme atteinte. Ça thésaurise à fond, il faut bien vivre… Ah, et j’oubliais, les livres sont plus chers à l’achat que sur la plateforme d’auto-édition, et forcément tu achètes tes livres pour les vendre toi-même, hein, puisque c’est pas eux qui vont le faire. Je tiens à préciser que tout ça est très clair dans le contrat, je n’y vois pas de mauvaise foi, tu signes en toute connaissance de cause.

L’autre maison est tout le contraire. Petite structure, pas beaucoup de moyens, mais avec un discours sur l’indépendance et l’engagement. Il me semble sincère. Je suis heureuse que mon roman trouve un lieu où s’épanouir, et signer le BAT est une grande joie.

  • Le plus : un-e interlocuteur-rice assez disponible, on peut discuter de la couverture, faire des corrections plus importantes sur les épreuves, et mêmes services que le premier éditeur. Les droits d’auteur-e sont payés rubis sur l’ongle. Ils diffusent tes évènements de promotion.
  • Le moins : comme avec Numéro un, ton bébé ne t’appartient plus (voir plus haut…). Il faut lâcher prise même si l’objet n’est pas tout à fait comme tu l’avais imaginé depuis qu’il est tout petit. Il vaut mieux t’en convaincre rapidement car là encore, il est demandé à l’auteur-e d’y mettre du sien pour vendre ses livres. Il me semble que c’est dans toutes les maisons d’édition aujourd’hui, alors autant arrêter de te bercer d’illusions, il faudra sortir ton chéquier (so XXe siècle, quoi…), et ton bâton de voyageur de commerce si tu veux que ton petit chéri ait une chance d’exister.

Prendre son temps, le principal conseil

Dans tous les cas, un conseil, quel que soit l’édition envisagée : relis, fais relire, et prends ton temps avant de signer un BAT. Je t’en conjure, c’est pénible et on a juste envie que ça se termine, tu ne peux plus lire une seule ligne, un seul mot de ton bien-aimé ouvrage, mais tant pis, bois le calice jusqu’à la lie si tu veux qu’il devienne Graal et joie éternelle, lis tout et le plus sérieusement du monde.

En auto-édition, il y a un retour possible, tu peux remanier ton chouchou, mais en édition à compte d’éditeur, une fois signé le BAT, à Dieu vat, il s’en va de par le monde et tu dois vivre avec ça, et continuer à l’aimer si tu veux que d’autres l’aiment aussi.

Tu l’auras compris, tout cela n’est qu’une histoire d’amour, et de bonne volonté, et de choix stratégiques, et de moyens, et de chance… La vie, quoi !